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Le déploiement d’un réseau national de transport d’hydrogène est crucial pour accompagner le développement de la filière. En juin 2021, Teréga et GRTgaz ont lancé la première consultation nationale du marché hydrogène bas-carbone et renouvelable afin d’identifier les besoins des acteurs du marché de l’hydrogène en tenant compte des infrastructures existantes de transport et de stockage de gaz. Découvrez les résultats.
Cette consultation fait suite à un besoin de planification du réseau, ressenti par Teréga et GRTgaz pour répondre à la fois aux besoins des acteurs du marché de l’hydrogène bas-carbone et renouvelable aux niveaux local, national et européen ; elle s’inscrit également dans l’optique de mettre au service du marché de l’hydrogène à long terme les infrastructures existantes de transport et de stockage de gaz.
La première édition de la consultation, lancée le 1er juin 2021, s’est adressée à tous les acteurs du marché de l’hydrogène bas-carbone et renouvelable : industriels, utilisateurs d’H2 actuels ou futurs, fournisseurs, producteurs, expéditeurs d’énergie, acteurs publics et institutionnels, associations, opérateurs d’infrastructures et acteurs académiques. Le recueil des réponses s’est fait via un formulaire disponible sur notre site et sur celui de GRTgaz.
Afin de prolonger les échanges, des ateliers ont été menés fin 2021 avec les acteurs des territoires pour approfondir certains sujets identifiés par les répondants, notamment les questions de complémentarités CO2-H2, et le stockage massif d’hydrogène. Les enseignements tirés de ces ateliers et l’analyse approfondie des réponses à la consultation nous ont permis d’établir une vision consolidée et partagée du futur marché de l’hydrogène bas carbone et renouvelable.
Teréga et GRTgaz ont récolté 133 réponses au questionnaire de la consultation, ce qui a permis d’identifier précisément 90 sites de production et/ou de consommation d’hydrogène sur le territoire français. Certains acteurs ont même souhaité aller au-delà de la réponse au questionnaire. GRTgaz et Teréga ont ainsi reçu près de 70 sollicitations pour des échanges bilatéraux afin d’approfondir l’expression de leurs attentes et de leurs besoins de transport et de décarbonation de leurs usages.
Les acteurs industriels se sont largement mobilisés, représentant près de la moitié des répondants.
Le marché est fortement tiré par le besoin de décarboner les activités industrielles françaises, auquel des expéditeurs, fournisseurs et producteurs d’énergie souhaitent répondre, soutenus par des collectivités engagées dans la transition énergétique de leurs territoires. Bien que l’hydrogène soit identifié comme un levier de décarbonation, ce n’est pas le seul : près de 60% des industriels portent aussi un fort intérêt aux solutions de captage, de stockage ou de valorisation du CO2 (CCUS) pour atteindre leurs objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.
L’hydrogène est également fortement attendu dans la mobilité, à moyen terme (2030-2040), notamment de la part des acteurs institutionnels territoriaux qui y voient un levier de verdissement de leurs flottes publiques. En outre, l’enjeu de décarbonation du secteur aérien fait apparaître un besoin important en hydrogène dès 2030-2035, soit sous sa forme liquide, soit pour la production de carburants de synthèse.
Les acteurs envisagent également l'hydrogène pour la production d’énergies renouvelables et de récupération, la production de chaleur, en usage matière ainsi que pour les services de flexibilité rendus au système électrique.
La production d’hydrogène, quant à elle, est envisagée principalement à partir d'électrolyse de l’eau et ce dès 2025, mais aussi par reformage du gaz naturel avec capture et stockage du carbone. La gazéification de la biomasse est également évoquée.
Les acteurs envisagent un développement du marché H2 par étapes :
À très court terme et déjà en cours, une période d’acculturation au vecteur hydrogène : participation à des projets pilotes, démonstrateurs et prototypes afin de tester la fiabilité de l’H2 dans toutes ses composantes, de vérifier son modèle économique et de définir un champ d'application pertinent dans l’industrie et la mobilité.
À court terme, un déploiement du vecteur H2 au sein d’écosystèmes locaux propices à sa production et consommation notamment dans les usages industriels et de mobilité.
À moyen terme, la constitution de bassins hydrogène reliant les écosystèmes locaux entre eux via un réseau régional de transport par canalisations et intégrant déjà des infrastructures de stockage d’hydrogène qui faciliteront l’équilibrage et la sécurité d’approvisionnement.
À long terme, la structuration d’un réseau interconnecté à l’échelle européenne de transport par canalisations, intégrant les infrastructures de stockage et assurant le transit pour les pays adjacents.
La réponse du marché confirme largement les zones géographiques de production et/ou de consommation d’hydrogène initialement identifiées dans le rapport European Hydrogen Backbone. Cette consultation a permis de révéler ou de préciser certaines de ces zones, en particulier dans le bassin du Grand-Est, autour des plateformes industrielles de Moselle à Carling ou le long du Rhin où plusieurs projets de production et de consommation ont été annoncés.
La consultation montre les nombreux déséquilibres potentiels entre les prévisions de productions et de consommations, justifiant des besoins de logistique d’hydrogène dans le temps et dans l’espace, à court, à moyen et à long termes. Ces besoins sont également soulignés par les acteurs qui rappellent l’importance de disposer rapidement d’un système de transport et de stockage apte à leur donner accès à un approvisionnement en hydrogène diversifié, compétitif et sécurisé.
Les résultats révèlent que les volumes de production, qui s’alignent sur les objectifs de la stratégie nationale hydrogène en 2030, sont, jusqu’à l’horizon 2040, supérieurs aux besoins qui sont clairement identifiés à long terme mais moins éclairés à court et moyen terme.
Les plaques industrielles concentrent les actuels et futurs grands consommateurs d’hydrogène bas-carbone et renouvelable ainsi qu’une grande partie des projets de production d’hydrogène.
Pour les acteurs du marché, la compétitivité financière est le facteur clé de succès de développement du vecteur H2. Ils mettent surtout en avant le prix de l’électricité d’origine renouvelable, qui représente à lui seul près de 50% du coût de production d’hydrogène par électrolyse. Une baisse des coûts de production est prévue à moyen et long terme, mais des aides importantes sont attendues de la part des pouvoirs publics à court terme.
La consultation montre qu’une grande majorité d’acteurs souligne l’importance de la logistique pour répondre à leurs enjeux, à savoir assurer aux consommateurs un accès sécurisé à l’hydrogène le plus compétitif et aux producteurs un exutoire desservant une large zone de chalandise. À ce titre, 90% des contributeurs à la consultation imaginent un transport d’hydrogène via un réseau de canalisations. L’accès au stockage remonte également dans les réponses comme essentiel pour garantir la sécurité d’approvisionnement et outil de flexibilité pour l’équilibrage des systèmes gaz et électrique.
Une planification de cette logistique mettant en visibilité la projection d’un réseau connecté le cas échéant à des stockages est même apparue lors des ateliers territoriaux, comme le moyen le plus efficace pour faire émerger et concrétiser la rencontre des offres et des demandes potentielles.
La consultation a d’ailleurs été l’occasion de révéler des zones dynamiques pour lesquelles des projets de logistique pouvaient être lancés à court terme (Alsace par exemple), mais également pour d’autres zones moins matures de lancer des démarches participatives de planification de projets de transport et de stockage d’hydrogène (zones de Marseille ou de Dunkerque).
Les acteurs ont reconnu un grand savoir-faire des gestionnaires de réseaux de transport dans ce domaine.
Aussi les répondants ont accueilli favorablement le travail et attendent des opérateurs de transport d’énergie qu’ils endossent le rôle de facilitateur pour simplifier le lien entre producteurs et consommateurs d’hydrogène. Il leur semble important qu’un acteur neutre soit nommé pour organiser le marché et favoriser la rencontre entre offre et demande dans les territoires propices au déploiement du vecteur H2.
Certains industriels envisagent les solutions de captage, stockage et/ou valorisation du CO2 (CCUS) en compétition ou en complément du passage à l’H2, indiquant que la visibilité sur la logistique était tout aussi importante pour le CO2 que pour l’hydrogène bas-carbone et renouvelable pour faire exister les projets. Des ateliers ont été organisés par GRTgaz et Teréga au sein de plusieurs écosystèmes pour aborder les synergies possibles entre H2 et CO2 sur les différents territoires.
L’exercice a vertu à être renouvelé afin de recueillir régulièrement les besoins de transport qui seraient amenés à évoluer et de s’assurer qu’une co-construction du réseau soit bien au service du développement d’un marché de l’hydrogène performant.
Supplément au questionnaire de la consultation H2 : Détails par site et volumétrie
Présentation du Webinaire de lancement de la consultation H2
Questions-réponses du Webinaire de lancement de la consultation H2
Présentation du Webinaire de restitution de la consultation H2