Innovation : co-construire l’écosystème énergétique de demain

Cécile Boesinger : Le moteur de notre innovation a longtemps été l'amélioration de nos propres performances : nos outils, nos connaissances, nos actions RSE ou encore l'avenir de nos métiers comme le transport et le stockage des nouveaux gaz. Nos innovations étaient d'abord développées pour Teréga, puis certaines ont été déclinées comme offres de service à l'externe, selon un modèle « techno push » consistant à proposer à nos clients ces technologies ayant déjà fait leurs preuves chez nous. Aujourd'hui, forts de notre socle d'innovation qui s'appuie sur l'ensemble des métiers du Groupe, nous voulons nous ouvrir à de nouvelles problématiques et adopter une approche « market pull », c'est-à-dire centrée sur les demandes du marché, les nouveaux besoins et les questions qui n'ont pas encore de solutions. Notre ambition est d'être toujours plus à l'écoute de nos clients, et de mobiliser nos capacités d'innovation pour leur proposer des technologies et des offres de service développées spécifiquement pour eux.

C.B. : Oui, car la transition énergétique nous pousse à nous réinventer. Dans un contexte de réduction des émissions de CO2, l'usage du gaz naturel va être appelé à diminuer. La diversification de nos activités est donc une clé pour rester un acteur majeur du monde de l’énergie de demain. L'innovation nous permettra d'assurer notre pertinence, et celle de nos infrastructures, dans un écosystème énergétique toujours plus décentralisé. Nos clients, et par conséquent leurs besoins, évoluent déjà beaucoup : jadis purement consommateurs de gaz, ils comprennent aujourd'hui aussi des producteurs, notamment de biométhane qui est injecté dans le réseau.

A l'avenir, il y aura aussi des besoins en offres de transport et de stockage d'hydrogène, de CO2 ou de méthane de synthèse. Tout le secteur industriel sera également de plus en plus demandeur de solutions de décarbonation. Innover dans tous ces domaines et développer de nouvelles offres de service est donc crucial pour Teréga. C'est ce qui nous permettra de rester en adéquation avec les besoins de nos clients et de nous positionner sur les marchés de demain.

C.B : Nous travaillons sur le transport et le stockage de plusieurs types de gaz : gaz naturel, biométhane, méthane de synthèse, hydrogène, CO2... mais la recherche de Teréga va aujourd'hui au-delà de la sphère gazière. En effet, au vu de la politique française d’électrification massive, l’interconnection des différents réseaux d’énergie va devenir une priorité, et c’est dans ce cadre que nous participons au développement de nouveaux services comme le Power-to-Gas, qui permet de soutenir le réseau électrique en stockant de l'électricité en grande quantité sous forme d'hydrogène ou de méthane de synthèse, palliant ainsi l'intermittence d'approvisionnement engendrée par la montée des renouvelables.

Nous travaillons également sur la thématique des “smart grids” qui consiste à développer les solutions digitales qui vont permettre de mieux piloter notre réseau dans ce nouveau contexte. Nous menons en collaboration avec l’EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne) et l’UPPA (Université de Pau et des Pays de l’Adour) le projet IMPULSE 2025 qui a pour objectif de répondre à la complexité liée aux enjeux de la décarbonation de notre système énergétique et industriel à travers le développement d’une méthodologie innovante d’optimisation multi-énergies qui consiste à proposer les meilleures évolutions de la configuration technologique d’un site à partir de l’analyse de l’ensemble des solutions possibles. Teréga vient de démontrer pour la toute première fois l’intérêt et la fiabilité de cette méthodologie via son application sur un site industriel énergivore tiers. Véritable exemple de symbiose industrielle, où le déchet de l’un peut servir de carburant à un autre grâce à l'interconnexion des réseaux, IMPULSE 2025 préfigure les futures utilisations possibles de nos infrastructures. De plus, il peut s'adapter à tous les écosystèmes énergivores : industries, mais aussi plateformes portuaires, aéroportuaires, bâtiments tertiaires ou même des villes entières. À travers des projets de ce type, Teréga assume pleinement son rôle d'opérateur de réseau reconnu et responsable, présent aux côtés des territoires pour les aider à opérer le virage de la transition énergétique.

C.B : Nous cherchons à impliquer dans notre démarche d'innovation participative une communauté toujours plus large, comprenant bien sûr l'ensemble de nos équipes, mais aussi de plus en plus d'acteurs extérieurs. Nous déployons pour cela plusieurs initiatives. Nous organisons tous les deux ans une Tournée Innovation, au cours de laquelle nous allons à la rencontre de tous les collaborateurs du Groupe pour partager et valoriser ce que nous faisons en termes d'innovation, et pour les engager sur les futurs enjeux. Nous avons également lancé TENEXI, une plate-forme collaborative ouverte à nos équipes, ainsi qu'aux start-ups, TPE, PME et ETI, qui peuvent participer à des appels à projets et à des challenges innovation. D'abord orientée sur des problématiques internes à Teréga, TENEXI se tourne aujourd'hui davantage vers les besoins du marché : en septembre 2023, la démarche intégrera un nouveau programme d'intrapreneuriat et permettra à tous nos collaborateurs de proposer des innovations susceptibles de devenir de nouvelles offres de service du Groupe. Les appels à projets destinés aux acteurs extérieurs se diversifieront également : ils pourront par exemple concerner le développement de nouvelles filières, comme la pyrogazéification. Le nouveau programme d'intrapreneuriat servira aussi à identifier de nouveaux partenaires d'avenir pour Teréga.

C.B : Teréga possède déjà un solide socle de partenariats avec les autres opérateurs de transport et de stockage de gaz naturel, ainsi qu'avec le milieu universitaire. Nous avons par exemple lancé avec l'Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Toulouse la plateforme technologique SOLIDIA ouverte aux porteurs de projets de développement de technologies de méthanation et d’épuration du biogaz. Nous aimerions maintenant développer notre collaboration avec des opérateurs d’autres types de réseaux comme l’électricité, et surtout avec nos clients de demain, afin de réfléchir dès maintenant avec eux à leurs futurs besoins d'hydrogène, de CO2 ou de solutions de décarbonation. Nous voulons également nouer des partenariats privilégiés avec certaines start-ups porteuses de technologies matures, afin de mettre rapidement sur le marché de nouvelles offres de service. Notre capacité industrielle peut servir de support au développement d'innovations de rupture. Dans cette optique, demain, nous pourrions même aller vers de l’incubation de start-up...