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En matière d’émissions de méthane, l’année 2020 ne restera pas un « bon cru » : elles sont en effet reparties à la hausse au niveau mondial. Pourtant, la prise de conscience et un changement s’initient. L’Europe, par exemple, est la seule région du monde où ces émissions ont diminué. De son côté, Teréga a intégré la question dans sa politique environnementale et développe des actions concrètes depuis plusieurs années.
Si parmi les gaz à effet de serre (GES), le CO2 est bien connu, il en est un qui tient une place à part parmi les composés organiques volatiles (COV), mais dont l’importance est équivalente : le méthane (CH4). Depuis 1750, la quantité présente dans notre atmosphère se serait accrue de près de 150% ! 570 millions de tonnes sont émises dans le monde par an et on devrait au seul méthane un tiers de l’effet de serre.
Le méthane a trois sources d’émissions principales :
Biogénique. Issu des zones humides, des sources animales sous l’effet de la mastication, ou encore des décharges sous l’effet de la fermentation…
Thermogénique. Créé par le craquage de molécule organique dans les sols, ce qui peut être provoqué par les fuites des bassins sédimentaires marins ou terrestres, le volcanisme ou la géothermie, l’exploitation, le transport et l’utilisation de combustibles fossiles.
Pyrogénique. Issu de la combustion organique (les brûlis agricoles, les feux de forêts, etc).
Selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), le méthane est « le deuxième plus important GES réglementé par le Protocole de Kyoto à contribuer au réchauffement de la planète, avec un pouvoir de réchauffement global (PRG) 34 fois plus élevé que celui du CO2. » Et s’il perdure moins longtemps dans l’atmosphère que le CO2 – environ 12 ans contre une centaine d’années pour le CO2 – son potentiel de réchauffement est bien plus élevé. Sur un horizon de cent ans, il est 34 fois plus élevé ; sur un horizon de vingt ans, il est 86 fois plus élevé !
Le méthane est impliqué à la fois dans les problématiques de changement climatique et de pollution atmosphérique (ozone). Dans son rapport de 2018, le GIEC souligne que pour limiter le réchauffement climatique, il faut réduire ces émissions de 35% d’ici 2050 (par rapport à 2010). Malheureusement, en 2020, une hausse mondiale des émissions de méthane a été enregistrée.
Cependant, au niveau européen, celles-ci ont au contraire diminuées. En France, les émissions de méthane ont enregistré une baisse significative sur la période 1990-2018 de -13,2 Mt CO2e (équivalent CO2), soit environ 20%. Cette baisse est notamment liée aux évolutions du secteur de la transformation d’énergie, ainsi qu’à l’optimisation du réseau de transport et de distribution de gaz.
Pour aller plus loin, la stratégie nationale bas carbone (SNBC) affiche son ambition pour la période 2019-2023 sur le méthane : une baisse de 7,3% supplémentaire par rapport à 2018.
En dépit d’une faible réduction, le secteur agricole reste la principale source d’émissions de méthane, en grande partie du fait de la fermentation entérique et des déjections animales. Dans son rapport « Bilan des émissions en France de 1990 à 2018 », le Centre technique de référence en matière de pollution atmosphérique et de changement climatique (CITEPA) explique : « Les exploitations agricoles peuvent mettre en œuvre des techniques de réduction dont la plus répandue est la méthanisation. Elle permet non pas de limiter la production de méthane, mais au contraire de la favoriser en vue d’un captage et d’une valorisation énergétique. »
Sur ce point, la chaîne gazière a sûrement un rôle à jouer.
Si le secteur agricole est la première source mondiale d’émissions, l’exploitation des énergies fossiles arrive en deuxième position. Au niveau des installations de la chaîne gazière (amont, production, transport), les émissions de méthane – hors étape de combustion – sont répertoriées en 3 catégories :
les émissions fugitives, produites en fonctionnement normal des installations,
les « ventings », des mises à l’atmosphère directe lors des opérations de maintenance, des incidents, des travaux, etc.,
les combustions incomplètes.
Selon le rapport « Analyse du cycle de vie de la chaîne gazière » de 2017, les opérateurs gaziers français (transport, stockage, distribution, terminaux méthaniers) représentent environ 2% de l’impact sur le changement climatique de la chaîne gazière en France.
Les parties transport et distribution sont les moins émettrices.
Les postes transmission, production et combustion sont les plus impactants.
Les extractions de gaz en Norvège et en Russie et la prépondérance de ces gaz dans le mix d’approvisionnement français expliquent l’impact de la production.
Par ailleurs, les acteurs gaziers européens dont Teréga sont mobilisés au sein de « Oil & Gas Methane Partnership 2.0 » (OGMP), un partenariat lancé par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Son objectif : atteindre une réduction globale des émissions de méthane de 45% entre 2016 et 2025. Les opérateurs français veulent ici renforcer leurs actions, améliorer le niveau de précision et de reporting de leurs émissions, participer à la coopération et au partage des meilleures pratiques.
Parce que nous sommes un acteur responsable, nous avons conscience de l’enjeu que représentent les émissions de méthane. À ce titre, notre démarche est proactive et s’intègre à notre programme environnemental d’entreprise BE POSITIF. La Recherche & Innovation (R&I) travaille avec l’opérationnel sur ces émissions spécifiques représentant 30 % de nos émissions de GES totales. Nous avons ainsi pu établir une cartographie des équipements les plus émetteurs et tester des solutions techniques de réduction.
Contre le « venting » travaux
En optimisant notre équipement et nos procédures, nous sommes déjà parvenus à réduire de plus de 80% nos émissions par venting.
- La solution MOBILE COMP est un compresseur mobile, permettant de récupérer le gaz d’une canalisation vidée pour travaux, puis de le recomprimer pour le réinjecter dans le réseau. Elle nous permet d’éviter environ 10% des émissions de GES.
- La solution RECOMP est un compresseur fixe qui récupère les émissions des stations de compression, les recomprime et les réinjecte dans le réseau. Il permet de récupérer 17 000 teqCO2 chaque année.
Optimisation des installations gazières
Depuis 2018, nous avons mis en service une première « torche chaude », qui permet de brûler le gaz naturel n’ayant pu être réinjecté dans le réseau. Une étape qui permet de transformer le méthane en CO2, avec un impact GES dix fois moindre environ.
Contre les émissions fugitives
Pour les trois solutions de compression, nous avons investi dans des technologies d’électro-compresseurs intégrés n’émettant aucune fuite. Et pour le parc existant, nous avons initié un projet R&I de recompression des fuites de garnitures, en test-pilote dès 2021.